Presse & Bio

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Isabelle Doblas-Coutaud  

  • Rendre compte du mouvement dans la matière figée
    Une préoccupation qui tourne souvent à l’obsession et engage l’entièreté du sujet sculptant. Dans cette quête j’intègre les dimensions corporelle et spirituelle qui font l’humain, je décloisonne ces éléments constituant, et je rend compte du ballet incessant et nécessaire entre ces deux « pôles », construits par la culture judéochrétienne. Après avoir étudié et pratiqué l’exercice du corps dans la danse et dans le quotidien, je retiens ce mouvement premier : la marche. Dans cette succession de chute en avant, chaque pas venant rattraper l’élan provoquée par l’inclinaison du buste, la voûte plantaire amortissant l’impact de réception, une sorte de rattrapage en boucle, une oscillation que seul l’esprit ou la rupture peuvent stopper. Il faut que le mouvement cesse pour prendre existence, entrer en conscience. Le corps, même dans sa vie immobile, est mouvement. Le déplacement de ses fluides, l’activité de ses organes, la naissances de ses cellules font ce mouvement, si bien que même lorsqu’il semble de l’extérieur totalement immobile, il bouge encore. Je m’attache à rendre perceptible ce mouvement perpétuel.

    Le corps espace/temps en mouvement
    C’est tout à la fois une évidence et une contradiction, selon que l’on étudie le corps à l’échelle macroscopique ou microscopique. A lui seul le corps est une formidable « encyclopédie » de l’espace et du temps. Là encore, il s’agit pour moi de saisir le mouvement dans l’immobilité, créé l’instant
    cinétique et l’inscrire dans l’espace qu’occupe la matière. Les courbes et les lignes saillantes aident à cette simulation, elles prolongent le geste, l’inscrivent dans la matière. Elles créent la rupture nécessaire à l’illusion du mouvement. Dans la caresse, elles invitent la main à changer de parcours, à perdre le contact.

    De la matière
    Parce que la terre est une matière malléable dans son état premier, elle permet une création ou la main et son geste sont à l’origine, ainsi émerge la forme. Le premier geste est le point d’appui du geste suivant ; un geste annonciateur d’un geste, une
    geste comme un élan, un geste comme fondement d’un geste. Explorer les plis du corps, transposer l’être dans la matière terre, retrouver dans la matière les tensions du corps, ses ruptures, ses faiblesses et ses forces. S’affranchir de la figuration pour donner à voir l’énergie. L’énergie est le résultat d’un processus de transformation de la matière, elle ne se perd pas, elle est mouvement perpétuel.
    L’esprit de la main
    Elle est le premier outil qui se façonne dans le temps, la répétition des gestes, et l’exercice de l’échec. Elle donne et reçoit la matière, elle étudie la forme, elle comprend les volumes, elle façonne les pleins et les vides, elle sait la texture et tout cela avec le concours de son binôme indispensable : l’esprit éduqué. L’un et l’autre inséparables dans la juste appréhension de la matière et du geste.

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